Dimitri Rouchon-Borie, 2021
Un roman « coup de cœur, coup de poing » qui fait penser à Né d’aucune femme de Franck Bouysse, La Maladroite d’Alexandre Seurat ou My absolute darling de Gabriel Tallent.
Un homme en prison entame un travail d’écriture pour se débarrasser de ce « démon » qui le harcèle, qu’il cherche à museler, mais qui l’a finalement amené à commettre des actes criminels qu’on découvre au fil du récit. Ce démon est apparu suite à une enfance passée dans une maison du chaos avec une nombreuse fratrie, déchirée par la maltraitance et la violence des parents, dont le père commettra l’irréparable. Son histoire emplie de douleur et de rage est aussi traversée par quelques rares moments lumineux, poétiques et tendres avec sa sœur, une famille d’accueil, une jeune femme. Lors de sa fuite désespérée, il découvre la beauté de la nature même s’ [il disait] « à la nuit tu ne me feras pas peur j’ai plus noir que toi dans mon enfance ».
Ce premier roman d’un chroniqueur judiciaire est écrit avec beaucoup de justesse. La langue choisie, avec une syntaxe brisée, sans virgule, des mots parfois inventés, nous plonge dans la tête de cet homme-enfant d’une humanité bouleversante et colle aux tourbillons de ses sentiments et de ses réflexions métaphysiques. « Je sentais bien que j’avais à l’intérieur une trace qui ne partait pas c’était la déchirure de l’enfance c’est pas parce qu’on a mis un pont au-dessus du ravin qu’on a bouché le vide».
Cécile.