Le voyant d’Etampes d'Abel Quentin

Mathieu Palain, 2021

Sélection du Prix Summer 2022

 

Lorsqu’un professeur d’université, sexagénaire, alcoolique et retraité se lance dans l’écriture et la publication d’un essai sur un poète américain inconnu, amateur de jazz, tragiquement disparu dans un accident de la route, en France, cela donne la base du voyant d’Etampes.
 C’est un roman sur un écrivain, anti-héros, confronté à des problèmes sociaux et intergénérationnels, politiques et de racisme, lui qui a connu les débuts de la plus grande association anti-raciste française, « Touche pas à mon pote ». Les réseaux sociaux et leurs dérives tiennent ici la place d’un personnage à part entière.
 Jean Roscoff, cet ancien universitaire, nous apparaît tantôt sympathique, tantôt agaçant et ne laisse personne indifférent sur son passage. Il apprend, souvent à ses dépens, que la société actuelle est faite de codes qu’on ne peut occulter.
 Abel Quentin arrive ici à nous parler de la place de la famille dans notre société, de politique, de féminisme, d’homosexualité, de bureaucratie, mais aussi d’écriture, d’édition, le tout sur un ton tragi-comique avec un soupçon d’angoisse qui nous rend cette lecture addictive.

Elisabeth.

 

Jean Roscoff a 65 ans, c’est un universitaire qui vient de prendre sa retraite ;  dépressif il se laisse aller, n’hésitant pas à abuser de l’alcool pour se remonter le moral ;  il a  tout raté : son mariage, son  premier livre sur les époux Rosenberg...  et ses relations avec sa fille ne sont pas simples. Bref, pour se relancer il va publier une biographie sur un poète américain noir improbable arrivé en France dans les années 60 qu’il admire beaucoup... On doute du succès d’une telle entreprise et pourtant ! C’est le début pour lui d’une célébrité....pas celle à laquelle il aspirait !  Appropriation culturelle, dérives identitaires, réseau sociaux, internet..... sa vie va basculer dans une descente aux enfers dans notre monde moderne incompréhensible pour cet homme de gauche  ex militant de SOS racisme et qui se pensait au dessus de tout soupçon !

Une belle écriture pas toujours facile car de nombreux mots ne faisaient pas partie de mon vocabulaire mais instructif ...  une description des années 80  très réussie.

Denise.

 

Dans la tradition de la littérature américaine, Abel Quentin nous fait entrer dans la tête de son personnage tout au long de ce roman écrit à la première personne. Jean Roscoff, retraité nostalgique dont la vie part à la dérive (sur une rivière d’alcool adoucie de vidéos de Marie Kondo !) se lance dans l’écriture en espérant ainsi reconquérir sa femme et sa réputation universitaire. Passionné par le poète Robert Willow, il lui consacre son livre, décrivant comment cet américain issu du milieu du jazz trouve la mort dans un accident de voiture en France, alors qu’il vit isolé dans la petite ville d’Etampes, tout entier absorbé par sa poésie médiévale d’amour courtois. Tout bascule lors de la parution du livre. Sa réception s’avère inattendue, et entraîne Jean Roscoff dans un nouveau monde, celui des réseaux sociaux et du wokisme, celui de l’appropriation culturelle et de la cancel culture, bref un univers dont il ne maîtrise ni les codes ni les enjeux. Lui qui a consacré sa carrière au maccarthysme se trouve alors à son tour confronté à la chasse aux sorcières.

Le personnage créé par Abel Quentin est réaliste et par là même attachant. Ses facettes sont multiples : « boomer » exaspérant dépassé par la nouvelle génération, dépressif un peu paumé, intellectuel sarcastique, mais aussi père aimant, divorcé en mal d’amour, personnage moral et lucide.

Le voyant d’Etampes illustre admirablement l’engrenage médiatique et dresse un portrait qui sonne juste, le tout servi par une écriture travaillée et magnifique où s’invite très souvent l’humour. Abel Quentin a été inscrit sur la sélection du Goncourt avant d’emporter le prix de Flore.

Anne.

 

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